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Un aller simple pour Pékin
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18 août 2006

Voyage et arrivée

journée du 17

Un peu plus de 24 heures que tout cela a commencé, et c’est à présent que j’ai un peu de temps pour écrire. Je découvre l’heure, assez étonné, en allumant mon ordinateur portable : je croyais avoir fini ma première nuit chinoise ! Mais revenons au début.

 

L’aventure commence à Roissy, mercredi 16. Après les formalités du contrôle de sécurité, nous nous rendons compte que nous allons voler sur un avion d’Air France et non de la China Eastern Airlines comme le laissaient supposer nos billets. Le voyage se passe sans incident notable, il ne devient même pas particulièrement long. Il m’en reste quelques jolies images, dont celle, magnifique, de Moscou qui offrait ses feux et sa géographie à mon regard qui passait par hasard devant le hublot à ce moment. Ah oui, il faut le préciser : nous étions placés aux toutes premières places du dernier bloc de sièges. Cela signifie un immense espace visuel, et la possibilité d’allonger à l’envi ses jambes ! Sur les écrans individuels passaient quelques films récents, et j’ai profité de l’occasion et de la nuit pour visionner V pour Vandetta ainsi que Jean-Philippe, chose que je n’avais pu faire en France, faute de temps, d’argent, et peut-être et surtout, de réelle motivation.

Moscou

 

Bref nous avons pu profiter du voyage pour voir les montagnes avant de survoler la Mongolie, puis le désert et enfin la campagne du nord de la Chine.

 

C’est en passant au dessus de Moscou que j’ai pensé à notre situation précaire : deux Français, parlant un chinois tout relatif, avec des attentes aussi diverses qu’approximatives, dans une minuscule enveloppe d’acier et de plastique, à 12 000 mètres d’altitude au milieu des étendues glaciales ou désertiques de la Sibérie ou de la Mongolie ! Mais trêve de réflexions aussi banales, la Chine nous attend comme nous le fait brusquement ressentir l’atterrissage rapide et le débarquement dans l’aéroport de Pékin.

Finalement non, la Chine ne nous attend pas, elle bourdonne déjà d’une activité sans rapport avec l’émerveillement et la curiosité des deux petits français fraîchement expatriés. C’est le moment où tout le récit s’accélère. Nous passons le contrôle de visa après une (trop) longue file d’attente (trop longue pour nous, comme on va s’en apercevoir). La première galère de ce périple pékinois nous attend à l’autre bout du terminal. Après plusieurs fausses joies, je n’ai finalement pas le plaisir de retrouver mon seul et unique sac de voyage qui était en soute. Seul reste sur le tapis roulant un sac du même modèle, mais bien moins chargé et moins neuf que le mien, ainsi que deux français, un peu plus médusés à chaque minute qui passe et au fur et à mesure que l’espace autour d’eux se vide de bagages et d’êtres humains. Il faut nous rendre à l’évidence, quelqu’un a confondu ces deux sacs, malgré la différence de taille et de poids. Toujours est-il que je n’ai pour toutes affaires que mon ordinateur, mon appareil photo et une quinzaine de livres ! Mais de vêtements, point, si ce n’est ceux que je portais sur moi, dont (maigre consolation en ce chaud et humide moi d’août) un énorme pull en grosse laine.

Direction le bureau des bagages perdus, judicieusement placé à moins de 10 mètres de là où nous attendions. Nous expliquons notre situation et la probable confusion qui me coûte le confort du sentiment d’un voyage paisible et sans embûches. Après avoir changé plusieurs fois de bureau, nous avons enfin un reçu qui me permettra soit de récupérer mon bagage quand il aura réapparu, soit d’obtenir un dédommagement… Je reste calme, et après tout ce bout de papier s’avèrera très bientôt moins utile mais tellement moins encombrant et lourd qu’un sac de trek de 21 kilos ! Car Guillaume lui n’a rien perdu et ses bagages restent considérables : nous ne somme pas trop de trois pour les porter. En effet nous avons tôt fait après ces démarches de retrouver Bo, l’amie de lycée de Guillaume, venue nous chercher à l’aéroport. Nous montons dans le bus (pas facile lorsque celui-ci est bondé et que l’on transporte 2 valises et trois sacs à main, d’autant plus que les Chinois ne cessent de nous dévisager), direction Beiwai, notre université « d’accueil ». Bo est adorable et nous offre des cadeaux de bienvenue ; tout au long de trajet nous remarquons les travaux incessants et la cohorte de travailleurs qui les accompagnent et dont les tentes ou les campements sommaires le long des routes et sous les ponts nous rappellent leur conditions de vie précaires, tellement moins confortable que ce qui nous attend et pour lequel j’ai déjà utilisé le mot « galère ».

Une demi-heure déjà que j’écris, cela apaise l’esprit au milieu de la nuit et je viens d’écraser mon premier moustique, enfin je crois. Tout ces éléments défilent avec une étonnante précision, et pourtant si rapidement dans ma tête qui a eu, depuis une journée, tant de nouvelles situations à accepter, et tant de nouvelles informations à traiter et mémoriser.

 Heureusement que l’amie de Guillaume est là pour parler à notre place car nous sommes trop fatigués et sur les nerfs pour parler notre meilleur chinois. En fait elle est plus notre lieutenant que notre porte-parole dans la mesure où la teneur de la majorité des discussions nous échappe en grande partie. Nous trouvons donc la fac et même le bureau pour les étudiants étrangers, il est une heure et cinq minutes, il n’ouvrira donc que dans 55 minutes. Nous en profitons pour payer un véritable repas à notre interprète dans un petit restaurant qui a pour spécialité la cuisine du sud de la Chineà à peine deux pas de la fac. Après un repas réparateur (parfois un bon repas suffit à apaiser les inquiétudes ; morceaux de porc et chou chinois) nous allons remplir nos devoirs administratifs. Guillaume doit trouver le moyen de faire changer son visa touriste en visa étudiant, moi je n’ai déjà plus ce fardeau. Après quelques minutes d’âpres (semble t-il) discussions et traductions, il se laisse convaincre d’attendre la rentrée et de faire la démarche avec les autres étudiants comme nous le propose l’université par la voix de sa nonchalante et néanmoins sèche secrétaire de l’équivalent de notre bureau des affaires étrangères aixois.

Bo_et_Guillaume

Deuxième étape ; trouver un endroit où dormir à l’université, sans s’engager trop sur la durée. Après encore quelques explications et incompréhensions, nous parvenons à louer une chambre double pour 80 yuans par jour (pour deux) pendant 11 jours (donc jusqu’au 28). La chambre est agréable : bons rideaux, climatisation, télé, bureaux, lits propres bien que durs… nous sommes ravis. Par contre lorsque nous découvrons l’état des parties communes, nous déchantons : l’odeur est infecte, la propreté pire encore. La douche est crasseuse, les pissotières jaunes, les tuyaux rouillés et les toilettes… un trou indescriptible entre 3 fines parois de contreplaqué. Gros coup dur pour nous qui rêvions d’une douche. Toujours est-il que nous prenons congé de Bo, déjà ravis d’avoir un endroit où passer la nuit.

Phase finale (du moins nous l’espérions) de notre journée : donne des nouvelles. Nous cherchons donc un accès internet à la fac (« mais t’inquiète, y’a forcément le Wai-Fai » me rassure Guillaume. Mais après renseignement, point de wifi, juste un local avec trois ordinateurs au fond d’une cave, le droit de se poser 7 minutes très précisément devant le clavier et une consultation impossible de nos boites mail. Nous sortons donc du campus en quête de… de quoi au juste ?

Une Banque De Chine, un petit supermarché sympathique, un cyber-café accueillant ou même un camarade européen expatrié, tout cela ferait notre bonheur. Mais non il ne faut pas rêver. Après quelques heures de marche (pas tant que ça en fait, mais un ordinateur sur l’épaule rallonge vite le temps et les distances) nous n’avons rien trouvé à notre convenance dans le quartier. Nous rentrons donc vers l’université, abattus et avec comme dernier espoir de prendre un taxi pour TianAn’men. [Nous devions téléphoner à Meidi, mais son numéro est seulement dans un de ses mails, d’où l’urgence de trouver un accès internet.]

C’est au moment de passer le porche du campus que nous repérons un occidental. Guillaume, fort de son expérience de Yellowstone l’aborde en anglais et la conversation prend forme dans cette langue avant que nous découvrions qu’il s’agissait d’un camarade de… Science-Po Paris ! Jean-Sébastien C. (c’est [presque] son nom) est celui qui nous redonne courage au moment où nous doutions de pouvoir nous sortir facilement d’affaire. Il nous emmène chez lui et nous fournit une quantité incroyable de renseignements, d’informations et de tuyaux en tous genre, et surtout une connexion internet. Nous sommes encore avec lui lorsque s’annonce le soir et avant de prendre congé il nous recommande un restaurant dont la spécialité est le canard laqué, que nous nous empressons de dévorer non sans avoir pris rendez-vous pour le lendemain, 10 heures, afin d’ouvrir un compte à la banque de Chine et d’y changer de l’argent. Petite parenthèse : Jean-Sébastien vient lui de finir son année ici et il part demain pour le Shandong ( ?) avant de retourner en France. Le repas se passe bien, à part l’intervention d’une serveuse qui nous pose des questions que malgré toute notre bonne volonté nous ne parvenons pas à comprendre.

Après cela nous retournons à l’université, il est tard, mais en France l’après midi ne fait que commencer et nous tentons de joindre nos proches grâce à la carte achetée sur les conseils de JB. Après de nombreuses mais infructueuses tentatives, nous retournons à notre chambre, très fatigués, où nous ne tardons pas à nous endormir. Je me suis réveillé tout à l’heure, en sueur et avec un mal au ventre qui m’a obligé à me résoudre à aller avec réticences faire un tour aux toilettes. Finalement, on arrivera peut-être à supporter ça pour 11 jours, mais plus nous ne l’osons imaginer. Je n’ai plus envie de dormir, et comme les portes sont cadenassées et qu’il faut bien que je me change les idées, je prends mon ordinateur sans réveiller mon colocataire et pars écrire ma première journée dans les marches, seul endroit éclairé dans ce bâtiment.

A présent que la boucle est bouclée, je vais chercher un moyen de sortir, pour aller prendre l’air et me débarrasser des nombreux moustiques qui me harcèlent.

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Un aller simple pour Pékin
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